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23 Février 2024 | Naofel Brahem

Zone franche et route frontalière Algéro-Mauritanienne : un pont commercial ambitieux entaché de prudence




Dans une ambiance mêlée d'espoir et de scepticisme, les présidents algérien et mauritanien ont engagé leurs nations dans des projets qui nourrissent autant le doute que l'enthousiasme. Avec la pose de la première pierre symbolique, ils ont officiellement inauguré les travaux d'une Zone Franche et d'une Route Frontalière de 840 kilomètres, le 22 février. Une occasion de rappeler les promesses historiques de l'Algérie, dont certaines sont restées lettre morte et contribuent à une certaine méfiance quant à la matérialisation des projets annoncés.



Située à Tindouf du côté algérien, la Zone Franche est censée ouvrir une ère de prospérité grâce à des avantages fiscaux et douaniers destinés à attirer les investissements. Toutefois, l'on ne peut ignorer la méfiance des entrepreneurs, échaudés par des initiatives précédentes qui n'ont pas totalement porté leurs fruits. En parallèle, la route connectant cette zone à la ville de Zouerate, en Mauritanie, est censée booster les échanges logistiques. Mais ce projet routier vient s'ajouter à une longue liste de promesses de développement régional, dont la mise en œuvre est souvent plus complexe que les annonces ne le laissent présager.

La collaboration économique entre l'Algérie et la Mauritanie, actuellement estimée à seulement 200 millions de dollars, a toujours peiné à déployer ses ailes, entravée par des engagements politiques et des réalisations économiques mitigées. Le défi est donc de taille, et la crédibilité des deux États est en jeu dans la réussite de ces ambitions.

L'Algérie, dont la réputation est synonyme d'une certaine inconstance en matière de suivi des projets, entend étendre ce modèle de zones franches à cinq autres États africains. La question demeure : s'agit -il de simples déclarations d'intentions ou de réels engagements? Cette interrogation est d'autant plus pertinente que la Mauritanie, souvent vue comme l'état plus vulnérable dans cette dynamique bilatérale, pourrait se retrouver à jouer un rôle de partenaire mineur, dépendante de la volonté et des caprices politiques de son voisin plus puissant.

La Mauritanie fait face à un défi de taille : se positionner de manière stratégique tout en conservant son autonomie décisionnelle dans un partenariat qui pourrait rapidement devenir asymétrique. C'est une course vers le développement qui passe par une diplomatie délicate et un équilibre des pouvoirs souvent précaire.

Par ailleurs, l'Algérie, dans une élan de consolidation régionale, finance et promeut des projets d'infrastructure multinationaux. Les projets tels que les autoroutes à travers le Sahara et les pipelines de gaz destinés à l'Europe à partir du Nigeria, bien que prometteurs sur le papier, posent la question de l'efficacité de l'exécution et de la répartition équitable des bénéfices qui en découlent.

Dans le contexte géopolitique actuel, où l'Algérie cherche à se positionner comme un leader énergétique et économique régional, son histoire en matière de projets d'infrastructure laisse présager une prudence et un contrôle accru de la part de ses voisins et partenaires potentiels.

Seul le temps montrera si les dirigeants actuels peuvent dépasser les erreurs du passé et concrétiser leurs engagements, établissant un partenariat durable et équilibré qui profiterait équitablement à l'Algérie et à la Mauritanie. Les observateurs restent donc attentifs, espérant que cette initiative ne soit pas une autre illusion transitoire dans le désert du Sahara.




Source : https://www.lemag.africa/tribune/i/78540974/zone-f...




              

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