16 Janvier 2025 | LeMag .africa

L’étoile pâlie de l’Algérie : un rôle régional en déclin face aux souverainismes sahéliens




L’Algérie, autrefois considérée comme un acteur clé dans la stabilisation du Sahel, voit son influence s’effriter face à la montée des souverainismes régionaux et à la reconfiguration géopolitique engendrée par le retrait de l’opération française « Barkhane ». Selon un article du Monde paru dans sa rubrique International Géopolitique, le lundi 13 janvier 2025, écrit par Frédéric Bobin et Benjamin Roger, le pays est désormais confronté à des défis majeurs sur ses frontières méridionales, où les groupes armés et les juntes nationalistes remettent en question son rôle traditionnel de médiateur.

En novembre 2024, la création du Front de libération de l’Azawad (FLA) marque un tournant dans l’insurrection séparatiste au nord du Mali. Cette nouvelle coalition armée, issue de la fusion de groupes indépendantistes touaregs, a infligé des défaites humiliantes aux forces maliennes soutenues par les mercenaires russes de Wagner. L’Algérie, qui partage une frontière de 1 300 kilomètres avec le Mali, s’alarme de cette escalade de violence à ses portes. Longtemps considérée comme un régulateur des conflits dans la région, elle peine désormais à maintenir son rayonnement, face à une instabilité croissante et à l’émergence de nouveaux acteurs extérieurs.

En 2022, le retrait de la France du Sahel a laissé un vide que l’Algérie n’a pas su combler. Bien qu’elle ait initialement soutenu l’intervention française pour contrer la menace djihadiste, Alger a toujours gardé une distance critique, nourrie par des souvenirs historiques douloureux liés à la colonisation. Cependant, le départ des troupes françaises a ouvert la voie à une influence accrue de la Russie, de la Turquie et des Émirats arabes unis, qui courtisent activement les juntes souverainistes au pouvoir au Mali, au Niger et au Burkina Faso. Ces nouveaux partenaires, notamment les mercenaires de Wagner, ont marginalisé l’Algérie, autrefois fière de son rôle de médiateur dans les crises touarègues.

Les relations entre l’Algérie et le Mali se sont particulièrement détériorées. Bamako accuse Alger de soutenir les groupes terroristes et de s’ingérer dans ses affaires intérieures, une accusation que l’Algérie rejette catégoriquement. Pourtant, des doutes persistent quant à la bienveillance supposée des autorités algériennes envers des figures comme Iyad Ag Ghali, chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), lié à Al-Qaïda. Ces ambiguïtés ont alimenté la méfiance des élites sahéliennes, qui voient désormais l’Algérie comme un acteur trouble, cherchant à maintenir son influence par des moyens opaques.

Face à ces défis, l’Algérie a renforcé la militarisation de ses frontières. Elle a augmenté son budget militaire à 23,8 milliards d’euros pour 2025. Cependant, cette stratégie défensive ne suffit pas à restaurer son rôle diplomatique. Les erreurs passées, notamment l’indifférence du régime de Bouteflika envers le Sahel et la corruption au sein de l’armée, ont affaibli sa position. Aujourd’hui, Alger tente de se repositionner en renouant des liens avec Moscou et en cherchant à apaiser les tensions avec ses voisins, comme le Niger et la Mauritanie.

Malgré ces efforts, l’Algérie reste confrontée à une réalité amère. Son étoile pâlit dans un Sahel en pleine mutation, où les anciennes alliances sont remises en question et où de nouveaux acteurs redessinent la géopolitique régionale. Pour retrouver son influence, elle devra non seulement surmonter ses divisions internes, mais aussi regagner la confiance de partenaires sahéliennes désormais méfiants.




Source : https://www.lemag.africa/articles/i/85590406/l-eto...

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