4 Mars 2024 | Naofel Brahem

L'Algérie : Ambition démesurée aux dépens du voisinage



L'Algérie, semble désormais possédée par une ambition qui agite son sommeil, celle d'une influence régionale contestée — une ambition qui la porte, encore une fois, à s'entremêler des affaires internes de son voisin marocain.



La récente annonce de l'ouverture "officielle" d'un bureau de représentation indépendantiste rifain à Alger n'est que la dernière manœuvre dans cette campagne d’ingérence persistante. En offrant une villa pour loger cette prétendue représentation du « Parti nationaliste rifain », l'Algérie ne fait pas que creuser un écart diplomatique entre elle et le Maroc, elle dévoile une obsession à contre-courant de l'unité africaine tant préconisée.

Le “porte-parole du mouvement” ne dissimule pas ses intentions belliqueuses, manifestant la volonté de déclencher un conflit armé. Ces appels pour des "centres d’entraînements" résonnent dangereusement avec le modèle du Polisario, autrefois soutenu par la même Algérie, en témoignant d'une stratégie non pas de soutien aux mouvements de libération, mais d'affaiblissement politique et territorial d'un voisin.


Pauvre Algérie ! Au lieu de se concentrer sur les défis intérieurs qui ne manquent pas — les crises économiques, politiques et sociales qui secouent ses fondations —, elle se projette dehors, vers des querelles qui mettent plus en lumière ses propres faiblesses que celles de ses rivaux. Chaque initiative de ce genre éclipse davantage l'image de l'Algérie en tant que “force constructrice et puissance pacifique au sein de la région méditerranéenne et africaine“.

Il est tristement ironique que le pays qui a “grandement contribué à l'affranchissement des nations africaines du joug colonial” se retrouve aujourd'hui dans une posture qui peine à être distinguée du néocolonialisme – une ingérence camouflée derrière la façade de la solidarité. Cette tactique, qui consiste à créer de nul part des éléments séparatistes, porte atteinte à la souveraineté nationale, fondement essentiel de l'ordre mondial postcolonial, et engendre un climat de méfiance et de déstabilisation régionale.

Le Maroc, avec ses propres enjeux de développement et de progrès, est confronté à une agression non conventionnelle qui l'empêche de se consacrer pleinement à sa marche vers l'avant. Alger, en ce sens, semble jouer le rôle d'un perturbateur, un empêcheur de tourner en rond qui, plutôt que de regarder vers l'avenir, préfère raviver les flammes du passé.

Dans cette épopée de "démarocisation" à laquelle aspire l'Algérie, le seul vainqueur est l'ironie. En cultivant des germes de discorde au sein du voisin marocain, l'Algérie sème, sans peut-être le comprendre, les graines de sa propre instabilité. C'est un feu follet qu'elle poursuit, une chimère politique qui la détourne de ses réels enjeux.

Pauvre Algérie ! Ses actions ne dessinent pas seulement le portrait d'un voisin intrusif, mais aussi celui d'une nation qui, en perdant de vue sa propre dignité et le respect dû aux autres, se met en ridicule. C'est une mascarade de politique étrangère dont le coût risque de se compter non seulement en capital diplomatique et régional, mais également en espoir et en opportunités pour ses citoyens.

À long terme, il en irait de la sagesse régionale pour que l'Algérie réforme sa démarche, en cherchant non pas à être le vent qui attise les braises indésirables, mais la brise qui apporte le calme après la tempête. En oeuvrant conjointement pour promouvoir le dialogue et la coopération, les nations nord-africaines pourraient parvenir à des sommets de développement économique et de stabilité sociale bien plus significatifs et durables.

Il est grand temps pour l'Algérie de reconnaître que sa richesse et son véritable potentiel ne résident pas dans les manœuvres géopolitiques pernicieuses ni dans les jeux d'influence néfastes, mais dans la valorisation de ses ressources humaines et naturelles au service de ses citoyens et de la paix régionale. L'engagement dans des actes de fraternité plutôt que de rivalité représenterait un pas vers l'édification d'une réelle grandeur, fondée non sur la prédominance, mais sur l'émergence d'une région unie et prospère.

Pauvre Algérie ! Il est temps de se relever, de repenser sa posture et de s'engager dans une politique de bon voisinage qui contribue elle-même à la sécurité et à la prospérité dans une monde de plus en plus interdépendant et complexe. Il est temps d'écrire une nouvelle page de l'histoire, celle où les vieux contentieux sont remplacés par de nouvelles alliances, où les ambitions expansionnistes sont abandonnées au profit de visions intégratrices, et où finalement, l'absurdité cède la place à la raison.




Source : https://www.lemag.africa/tribune/i/78721000/l-alge...



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