En janvier 2025, alors que l’Algérie préside le Conseil de sécurité des Nations Unies, Ferhat Mehenni, leader du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) et président du gouvernement provisoire kabyle en exil, a saisi l’occasion pour adresser une requête officielle à l’ambassadeur algérien Ammar Benjama. Il demande l’inscription du droit à l’autodétermination de la Kabylie à l’ordre du jour du Conseil, une démarche qui place l’Algérie dans une situation inconfortable.
Dans sa lettre, Mehenni rappelle que l’Algérie, qui défend le droit à l’autodétermination pour d’autres peuples comme les Palestiniens ou les Sahraouis, refuse ce même droit au peuple kabyle. Il dénonce une répression violente des revendications, notamment depuis juin 2021, où plus de 13 000 militants ont été arrêtés, torturés et condamnés à de lourdes peines sur des preuves fabriquées. Parmi eux, 38 Kabyles sont condamnés à mort pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.
Mehenni accuse l’Algérie d’avoir orchestré les incendies du 9 août 2021 en Kabylie, causant plus de 500 morts et un millier de blessés. Ces événements, qualifiés de « stratégie génocidaire » baptisée « Zéro Kabyle », visaient à pousser le mouvement de libération kabyle vers une lutte armée. Cependant, le MAK a maintenu son engagement pacifique, déjouant cette manœuvre .
Cette initiative intervient alors que l’Algérie préside le Conseil de sécurité, ce qui lui confère une influence sur l’agenda international. Mehenni espère que cette tribune sensibilisera la communauté internationale aux violations des droits de l’homme en Kabylie et garantira un débat sur l’autodétermination du peuple kabyle .
La démarche de Mehenni s’inscrit dans une stratégie visant à internationaliser la cause kabyle. En avril 2024, le MAK a proclamé l’indépendance de la Kabylie devant l’ONU à New York, un geste symbolique fort mais sans reconnaissance officielle .
Cette requête met en lumière les contradictions de la politique de l’Algérie, alors qu’elle est sous les projecteurs internationaux. D’un côté, elle défend le droit à l’autodétermination pour d’autres peuples, mais de l’autre, elle réprime violemment les aspirations kabyles. Cela ouvre un débat sur les droits des minorités et la cohérence des principes des États membres de l’ONU.
L’appel de la Kabylie à l’ONU représente un moment charnière dans la lutte pour l’autodétermination. Alors que l’Algérie préside le Conseil de sécurité, la communauté internationale sera-t-elle prête à écouter la voix du peuple kabyle ? La réponse pourrait redéfinir la justice et les droits de l’homme mondiaux.
Source : https://www.lemag.africa/articles/i/85635242/doubl...